Mis en avant

Tranchefiles main

Sur cette reliure XVIIIe en cours de restauration, les tranchefiles étant très abimées ou manquantes, il faut en confectionner de nouvelles.

Elles sont brodées sur un bâtonnet de papier roulé, avec du fil de lin teinté pour respecter les couleurs d’origine: ici bleu et écru.

Cette broderie se fait sur le volume, des points de passe permettent de fixer ces tranchefiles au volume au fur et à mesure de leur réalisation.

Les tranchefiles seront un support pour la confection de la coiffe au moment de la couvrure.

Restauration d’une reliure XVIIe. Les Pensées de Pascal, 1670.

Cette reliure présentait des dégradations au niveau des coiffes, dos et coins. Le cuir s’était rétracté  comme on le voit sur la première photo, le corps d’ouvrage présentait des irrégularités à cause d’une couture fragilisée. De plus le client avait retrouvé un feuillet manquant à ce volume, il fallait donc le replacer. J’ai choisi de démonter complètement l’ouvrage pour le travailler. Voilà quelques photos de la reliure avant la restauration :

Les tranchefiles étaient manquantes :

La restauration débute par le décollage des contregardes à l’aide de tylose :

On détache ensuite le cuir du corps d’ouvrage :

On retrouve la trace des fils de tranchefiles, ce qui nous permettra de les confectionner en respectant la couleur d’origine :

On décolle les claies de parchemin du corps d’ouvrage :

On a ici deux claies « muraille » : Les parties découpées se chevauchent sur le dos du volume, la partie pleine sert de charnière et est collée sur les contreplats :

On détache ensuite les plats de carton et on débroche le volume :

Pendant ce débrochage, on note l’emplacement des fils de couture afin de refaire le montage à l’identique :

Nouvelle couture sur ficelles de chanvre, elle permettra de bien réaligner les cahiers et de retrouver un bloc de livre homogène :

Entre temps, les cartons ont été restaurés à l’aide de pâte à papier :

Une fois la couture réalisée et les cartons restaurés, on forme l’arrondi du volume (ici je n’utilise pas d’étau) : l’arrondi du dos se forme au moment de la passure des ficelles de couture dans le carton. Les claies sont aussi replacées, les tranchefiles sont refaites à l’identique (photo manquante !) :

Puis on recolle le cuir qui a été nettoyé et ciré (mais pas encore restauré) sur le corps d’ouvrage, la bande permet de bien solidariser l’ensemble pendant le séchage (et puis j’aime le rouge !)

Une fois sec, on procède à la restauration de la couvrure. Ici j’utilise du veau naturel que je teinterai ensuite pour retrouver les nuances du cuir d’origine :

Les parties manquantes sont aussi comblées avec des chutes de cuir avant de procéder aux greffes elles-mêmes :

On peut commencer la mise à la teinte qui sera peaufinée après les retouches de dorure :

A ce stade, je confie la délicate tâche de la dorure à Pascale Thérond de l’Atelier La Feuille d’Or à Paris :

Ni trop, ni trop peu !

La restauration est terminée, quelques dernières retouches, un peu de cire Essentiam !  et voilà :